Conférence-débat : Manager demain, faut-il vraiment libérer l’entreprise ?

By | 24 octobre 2018

Un public nombreux s’était donné rendez-vous dans l’amphithéâtre Louise Michel de Sciences Po Lille, mardi soir 2 octobre, pour la conférence débat organisée par l’association RenFoRH .
Sur ce thème du management sont intervenus Arnold Fauquette, fondateur et dirigeant de Vivat, Laurent Mahieu, secrétaire  général de la CFDT Cadres et Gilles Verrier, Fondateur et Directeur Général d’Identité RH.
Merci aux équipes de Sciences Po Lille pour la qualité de leur accueil et à François Benchendikh, directeur adjoint et directeur des études et de la scolarité qui a accueilli les participants à cette conférence-débat. Il revenait ensuite à Guy Thilliez, notre président, de présenter l’association RenForRH que les lecteurs et les visiteurs de ce site connaissent bien.

Marie Christine Lenain, membre de RenFoRH, animatrice de cette conférence l’introduisait par des questions : Pourquoi cette rencontre, pourquoi ce titre ? Pourquoi la notion d’entreprise libérée rencontre t’elle un fort succès dans notre région ?
Sa réponse est que, probablement, cette idée correspond à un problème et une attente. Dans le nord, quand on décrivait l’entreprise, au XIX° siècle, au milieu du XX° siècle, on parlait des « faiseux », les ouvriers ou employés, des « penseux », les cadres, et des « pousseux » pour la maîtrise ou l’encadrement, ces termes résument bien les représentations de l’époque !
Aujourd’hui, faut-il libérer l’entreprise de son encadrement, pour son rôle de contrôle, pour la captation des initiatives ?
Le second terme à questionner du titre de cette rencontre est « manager ».
Ce mot issu de l’anglais désigne à la fois une action et un acteur.
To manage, signifie, diriger, gérer mais aussi être gérant, et encore réussir à, se débrouiller, …
Management, désigne à la fois l’action de gestion et les acteurs de la direction et de l’encadrement.
Effectivement, la question interroge à la fois des méthodes, mais concerne aussi des personnes, c’est pourquoi elle est encore sensible.
Arnold Fauquette, a fondé Vivat, entreprise de service à la personne qui emploie 150 salariés, nous a présenté la démarche de changement fondé sur la délégation aux équipes et la montée en compétences, qu’il a impulsé dans l’entreprise.
Le secteur du service à la personne se caractérise par une organisation difficile pour les salariés, en termes de conditions de travail, mais aussi pour le client, la personne, une organisation du travail spécifique car il n’y a pas d’unité de lieu. Quant au « modèle économique », ce secteur connait une très forte contrainte en termes de financement, essentiellement public.

Ce contexte ont amené Arnaud Fauquette à construire un projet de changement fondé sur une autonomie et responsabilisation d’équipes, des équipes plus petites et plus de proximité travail/domicile. avec pour objectifs :
– Redonner des marges de décisions (micro-décisions) aux salariés pour leur organisation d’équipe
– Déléguer la relation avec le client aux salaries, aux équipes,
– Confier les recrutements aux équipes.

La conduite du changement
Le projet a commence en 2015, avec l’objectif d’aboutir en 2018.
D’abord définir des règles du jeu écrites, relatives aux salariés et clients, rassemblées dans une charte.
Mettre en place un  accompagnement au changement  pour aider les équipes dans la prise de décision avec des formations et la création d’une nouvelle fonction : coach d’équipe, qui a pour mission l’aide aux équipes. Par exemple, à une question, l’encadrement va rappeler les contraintes et va demander « comment on va faire ? Quels enjeux pour les conditions de travail ? »
L’encadrement, les responsables, nommées coordinatrice médico-sociale, ont en charge les tâches de gestion : clients, salariés, économie.
Les résultats
Des indicateurs ont été mis en place pour mesurer la satisfaction des salariés et des clients, chaque mois :
– Concernant les salariés , le changement n’a pas été facile pour tous, particulièrement, la délégation des recrutements a nécessité un véritable apprentissage, et les erreurs ont été nombreuses, entrainant un turn over important pendant 2 ans.
Pour Arnold Fauquette, cette période a représenté un véritable investissement, un coût pour l’entreprise, mais elle a permis l’acquisition des compétences par les équipes. Il faut rappeler que les métiers de ce secteur sont « en tension » (0% de chômage sur la métropole lilloise) pour lesquel, il y a les recrutements sont difficiles, l’entreprise doit développer son « attractivité » auprès des salariés pour se pérenniser.
Taux de satisfaction actuel est environ de 7/10.
– Concernant les clients : Aujourd’hui la majorité des clients se dit « ravie ». De plus, il y a une croissance du nombre de clients, peut-être liée aux réponses directes des salariés aux clients.
– Concernant les résultats financiers de l’entreprise , l’impact sera vraiment mesurable fin 2019/2020.
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Laurent Mahieu, secrétaire  général de la CFDT Cadres, a de son côté, expliqué que son organisation syndicale avait abordé cette question du management en 2010, et mené des travaux qui ont abouti au « Guide du manager », 2018.
Trois repères forts ponctuent ce guide :
– autonomie,
– dialogue,
– coopérations.
Consulter le guide

Quatre verbes d’action définissent le rôle du manager au sein des équipes : organiser, animer, réguler, soutenir.
Dans le Guide du Manager, Laurent Berger, Secrétaire général de la CFDT, rappelle que le management est un champ d’action syndicale.
Au travers de l’enquête « Parlons Travail » réalisée par la CFDT (plus de 200 000 réponses), les répondants ont souligné que le management était au centre de leurs préoccupations, avec un fort impact sur leur qualité de vie au travail.
Gilles Verrier, Fondateur et Directeur Général d’Identité RH,  professeur à Sciences Po Paris a écrit et publié chez Dunod plusieurs ouvrages, notamment, « Réinventer les RH, 7 axes de progrès pour répondre au malaise des salariés» en 2007, primé comme livre de l’année par l’Association Nationale des DRH, « Stratégie et RH : l’équation gagnante » en octobre 2012, « Faut libérer l’entreprise » primé par l’Association Nationale des DRH, en 2016.
A la question, « faut-il libérer l’entreprise ? », Gilles Verrier répond « oui, mais comment ? ».
La présentation et les échanges nous ont permis de mieux comprendre le contexte aujourd’hui, les changements organisationnels et managériaux en cours.
Visualiser le diaporama présenté afin de comprendre les points de repère développés par Gilles Verrier.
Après quelques questions posées dans la salle, le temps était venu de conclure et de poursuivre les échanges avec les intervenants autour d’un verre, alors que Gilles Verrier dédicaçait son livre que les participants pouvaient acquérir sur place.
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